La fille de Martin Luther King critique la prière du pasteur Lorenzo Sewell à l’investiture de Trump

La fille de Martin Luther King critique la prière du pasteur Lorenzo Sewell à l’investiture de Trump

Le 20 janvier 2025, Donald Trump a officiellement prêté serment en tant que 47e président des États-Unis, lors d’une cérémonie marquée par une forte dimension religieuse, comme le veut la tradition américaine. Parmi les intervenants, le pasteur Lorenzo Sewell a suscité une controverse en s’inspirant du célèbre discours I Have a Dream de Martin Luther King Jr. pour sa prière. Une initiative qui a provoqué une réaction indignée de Bernice King, la fille cadette du leader des droits civiques.

Lundi 20 janvier, jour de l'investiture du président américain Donald Trump était également le Martin Luther King Day, un jour férié, aux États-Unis, marquant la date anniversaire de la naissance de Martin Luther King Jr. C'est peut-être pour cette raison que l'un des pasteurs qui a prié pour Trump lors de la cérémonie d'investiture a fait référence au célèbre message du pasteur King. 

Lorenzo Sewell a commencé par exhorter les Américains à "prier pour le président, sa famille, et pour que la volonté de Dieu se manifeste au cours des quatre prochaines années." Inspiré par les mots de Martin Luther King Jr., il a ajouté que l’Amérique devait "commencer à rêver à nouveau". Ce passage, reprenant le ton du célèbre discours de 1963 "I Have a dream", a été suivi par une prière appelant à l’unité nationale et à la foi en un avenir meilleur.

Cependant, cette interprétation de la célèbre prière du pasteur King a été perçue par la fille de ce dernier, Bernice King comme une distorsion du message original de son père. Sur les réseaux sociaux, elle a vivement réagi en dénonçant un usage opportuniste et décontextualisé de l’héritage de Martin Luther King Jr., visant à minimiser les luttes pour l’égalité raciale et la justice sociale :

"Pourquoi le pasteur Lorenzo Sewell n’a-t-il pas prié pour mettre fin au racisme, à la brutalité policière, et pour garantir les droits de vote ? Ces aspects fondamentaux du rêve de mon père sont pourtant au cœur de son message."

Un contexte politique tendu

La dimension religieuse a été omniprésente lors de cette journée d’investiture. En plus de Lorenzo Sewell, l’évangéliste Franklin Graham a également prié pour le président, tandis que Trump lui-même a invoqué un "mandat divin", rappelant la tentative d’assassinat dont il avait été victime l’année précédente. Trump a déclaré que son administration "n’oubliera pas notre Dieu", consolidant ainsi son soutien parmi les électeurs évangéliques, un pilier central de sa base politique.

Dans un autre service religieux tenu dans le cadre des festivités, Mariann Edgar Budde, évêque épiscopalienne de Washington, a lancé un appel direct à Donald Trump, l’exhortant à faire preuve de "compassion" envers ceux qui sont "effrayés" à l’aube de son mandat. Dans un discours engagé, elle a plaidé pour la défense des droits des minorités et la dignité des migrants, contrastant avec le ton de la cérémonie officielle.

Cette prière a eu lieu dans un contexte où Donald Trump, tout juste réélu, a placé des questions controversées au centre de son programme. Il a notamment promis de durcir la lutte contre l’immigration clandestine, d’expulser des "millions de criminels étrangers". Il a également promis pendant sa campagne de mettre fin au "délire transgenre". 

Actions concrêtes

Pour Bernice King, l’utilisation du discours de son père dans ce contexte était particulièrement déplacée. Elle a souligné que l’héritage de Martin Luther King ne se limite pas au rêve d’unité évoqué dans I Have a Dream, mais repose sur des actions concrètes pour éradiquer les inégalités raciales et économiques. Elle a évoqué plusieurs textes écrits par son père, comme Lettre depuis la prison de Birmingham ou Les trois fléaux de la société, dans lesquels Martin Luther King développe des stratégies claires de résistance non violente et de justice sociale, souvent négligées au profit de citations symboliques.

Elle a conclu en appelant les Américains à un engagement véritable :

"Priez le rêve en tandem avec un travail pour une paix véritable, qui, comme mon père l’a dit, est la présence de justice."

Promouvoir l'unité

Face à ces critiques, Lorenzo Sewell s’est défendu en affirmant qu’il travaillait activement dans les communautés noires défavorisées, fidèle à l’héritage de Martin Luther King. Il a également accusé Bernice King de laisser ses opinions sur Donald Trump influencer son jugement :

"Elle doit comprendre que je travaille dur pour faire fructifier le rêve de son père. [...] Avant de me critiquer, elle devrait voir le travail que je fais pour les communautés que son père a défendues."

Sewell a également affirmé que son intention n’était pas de politiser sa prière, mais de promouvoir l’unité dans une période de division nationale.

Camille Westphal Perrier

Crédit image :  Shuttertsock / Maxim Elramsisy

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